fenêtre sur cour

lorsqu'elle se déshabille
ma voisine d'en face
comme la plupart des filles
c'est devant une glace

quasiment tous les soirs
j'suis sûr qu'elle l'interpelle
miroir mon cher miroir
dis-moi que je suis belle

j'pourrais la rassurer
côté face côté pile
il n'y a rien à jeter
elle peut dormir tranquille

elle se cambre puis pivote
dégrafe son balconnet
se bichonne se dorlote
sourit à son reflet

les persiennes entrouvertes
zèbrent sa nudité
généreusement offerte
de rayures contrastées

qui pour peu qu'elle amorce
le moindre mouvement
évoquent le crazy horse
inévitablement

sait-elle que je suis là
parfois je le soupçonne
quand elle se tourne vers moi
alors que minuit sonne

rendez-vous clandestin
dont je deviens l'otage
j'attends souvent demain
j'ai peur qu'elle déménage

et caetera